Le choix des serveurs

Serveur et micro-hébergement : quel matériel choisir ?

Lorsqu'on est micro-hébergeur, la grande question du matériel se pose fatalement. Et devant la richesse des offres, il n'est pas toujours aisé de faire un choix. Pour les serveurs qu'on héberge chez soi, il y a plusieurs possibilités mais 2 catégories majeures : l'assemblage personnel ou l'achat d'une solution toute faite.

Vous conviendrez que le micro-hébergement n'étant pas une pratique courante, il n'existe aucune offre satisfaisante. Et de toute façon, cette offre serait inutile car tout dépend de l'hébergement qu'on propose et des choix technologiques et logiciels que l'hébergeur a faits. Car l'infrastructure est avant tout une affaire de choix. Pourquoi du Linux plutôt que du Windows® ? Pourquoi telle distribution plutôt que telle autre ? Il y a des choix de facilité et des goûts personnels. Le résultat provient d'un mélange des deux.

Cependant, il y a des choix qui proviennent clairement de contraintes techniques. Voici les miens.

Mes contraintes principales

La consommation énergétique

Ma première contrainte qui guide le micro-hébergement est avant tout la consommation énergétique. Elle a une conséquence directe sur les charges et il m'est toujours assez désagréable de les voir augmenter.

Je me suis donc évertué à toujours m'orienter vers les solutions les moins énergivores. C'est à la fois une force et une faiblesse. Une faiblesse car elle implique plus de difficultés à trouver le matériel adéquat. Une force parce qu'elle oblige à réfléchir et trouver des astuces et des solutions inédites.

Si je prends mon exemple, le bannissement de la technologie JavaTM de mes serveurs LAPSUS provient directement de cette contrainte. Si je dois l'utiliser, c'est avec la plus grande parcimonie, lorsque tout autre solution n'est pas envisageable.

Le bruit

Lorsque l'on héberge des serveurs chez soi, le bruit est la seconde grosse contrainte. Il est impossible de vivre dans un appartement avec une machine bruyante en permanence.

C'est souvent el cas pour les machines de bureau qui fonctionnent de manière intermittente, c'est encore plus vrai pour un serveur : personnellement, je tolère moins facilement un serveur qui fait du bruit qu'une machine de bureau. Donc les seuils de tolérance ne sont pas du tout les mêmes.

La place occupée

De manière générale, un hébergement doit être dynamique. Lorsqu'il faut réparer, améliorer, déplacer, modifier, remplacer… Il vaut mieux une machine qui soit la plus légère possible pour être aisément manipulable. Et si vous disposez de plusieurs serveurs, la question se pose d'autant plus.

Fort heureument, les machines modernes ne sont plus comme les machines d'autrefois et la concentration des composants est telle qu'il est assez facile de trouver une machine peu encombrante.

Le prix

Le prix est toujours une contrainte importante. Tout dépend du budget que vous avez. Il est assez facile d'obtenir un serveur performant pour moins de 500 euros.

Retour d'expérience

Première période : DIY

Lorsqu'on sort des sentiers battus, on doit forcément travailler avec des outils qui ne sont pas adaptés ou bien créer les outils dont on a besoin.

Étant un adepte du DIY, j'ai opté pour la seconde solution. J'ai donc commencé par monter mes propres machines, selon mes spécifications personnelles. En achetant le matériel et en l'assemblant moi-même, j'obtenais un résultat à la hauteur de mes attentes, performant, et très bon marché. Il faut compter 50 à 70% moins cher que la même solution du marché.

En revanche, j'ai dû aprrendre à composer avec du matériel très inadapté pour usage. Une carte-mère à monter prend plus de place, les boîtiers ont une taille en conséquence. Et si je désirais un petit boîtier, je devais soit rogner sur la puissance du processeur (mes premiers serveurs étaient motorisés par des Mini-ITX de VIA), soit ajouter un matériel de refroidissement efficace, mais plus cher. Pour une raison inexplicable, les processeurs à très faible consommation sont réservés aux portables et coûtent relativement cher à l'achat unitaire.

L'avantage était toutefois d'avoir une machine sur mesure.

Avec l'expérience, j'ai fini par me concentrer sur les spécifications suivantes :

Une carte-mère capable d'accueillir beaucoup de RAM. La RAM est le composant généralement limitant dans les performances de votre serveur. Plus il y en a, plus longtemps je pouvais utiler la machine sans baisse de performances notable. Cependant, plus le temps passe, plus les logiciels sont gourmands. En moyenne, la consommation de RAM requise double tous les 4 à 5 ans.

Le prix

Il faut compter environ 600 à 700 euros pour la machine complète prête à fonctionner.

La consommation énergétique

Au repos, en choisissant convenablement mes composants, j'obtenais une consommation énergétique d'environ 30 à 35 W. J'ai remarqué que les modèles avec une alimentation externe avaient plus de chances d'être moins énergivores (mais un peu moins puissants aussi).

Le bruit

Tout dépendait du matériel que je choisissais. Mais du Mini-ITX à refroidissement passif et une alimentation externe difussait un bruit de 0dB, ce qui n'est pas si mal.

Seconde période : Prêt-à-porter

Le gros problème de la machine DIY est que le choix des composants, l'assemblage et la configuration prend du temps.

Je suis passé à la solution prêt-à-porter tout à fait par hasard : un collègue se débarrassait d'un vieux portable qui fonctionnait encore, excepté l'écran. Les enfants avaient joué avec et cassé quelque chose à l'intérieur. L'affichage n'étant pas requis pour un serveur, ça me convenait parfaitement. Et je l'ai eu gratuitement.

J'ai installé une distribution Ubuntu Server, j'ai fait quelques tests et j'ai vu que la consommation au repos était de l'ordre de 20 W, ce qui correspondait à mes critères. L'encombrement était minimal et le bruit à peine preceptible. Je l'ai utilisé pour faire un serveur de messagerie.

Mais grâce à cette expérience, je me suis rendu compte que les portables modernes pouvaient faire mon affaire: ils sont étudiés pour être portables, compacts, efficaces. Leur processeur est généralement moins énergivore qu'un processeur de bureau car ils sont étudiés pour épuiser la batterie le moins possible -- l'autonomie étant un argument de vente.

Atout supplémentaire : la batterie fait office d'onduleur intégré. En cas de coupure de courant, ils continuent de fonctionner plusieurs heures.

Inutile de choisir le modèle le plus fin, il est en général très cher. Le portable 15 pouces de base est largement suffisant. À l'usage, j'ai cependant veillé à choisir des modèles sur lesquels :

  • je peux ajouter de la RAM (ou la changer) -- sur certains modèles, la RAM est soudée;
  • je peux changer le disque dur. Sur certains modèles, le disque dur est dans un format propriétaire. Vous ne pourrez pas le changer à moins de passer par le constructeur. C'est rare, mais ça arrive.
  • je dispose de la prise réseau et de l'alimentation électrique sur la même tranche ou, à défaut, du même côté. Il est effectivement plus facile de manipuler une machine lorsque tous les câbles sont du même côté.
  • pas de lecteur de disque optique afin de diminuer l'encombrement et la consommation énergétique.

L'inconvénient de l'ordinateur portable vient de sa compacité qui oblige souvent le constructeur à faire en sorte que la machine ne soit pas démontable. Donc si vous avez l'habitude de démonter vos machines pour voir ce qu'il y a dedans, je vous déconseille cette option.

L'autre difficulté d'un portable est la poussière : il faut veiller à entretenir régulièrement les ventilateurs qui ont tendance à se bloquer avec la poussière.

Le prix

Avec la démocratisation, le portable est devenu bon marché. Il est facile de trouver un Intel Core i7 avec 16 Go de RAM pour moins de 500 euros.

La consommation énergétique

Pour un portable moderne (Intel Core iX), il faut compter 20 W au repos, ce qui est un bon score.

Cycle de vie et recyclage

Au départ, je construisais des machines qui me servaient avant tout de machine de bureau puis, une fois leur temps passé, devenaient des serveurs. Avec l'usage des portables, je fais l'inverse : je choisis une machine surdimensionnée sur laquelle je peux charger un grand nombre de conteneurs. Et lorsque je la remplace, l'ancienne machine devient une machine de bureau.

Le petit plus

Les portables étant compacts et silencieux, ils peuvent être disposés dans n'importe quelle pièce d'une habitation. J'utilise donc les machines comme radiateurs. Il suffit pour cela soit de les connecter au réseau par CPL, soit d'utiliser un réseau filaire normal -- mon architecte a eu la bonne idée de câbler chaque pièce avec du RJ45. Je déconseille toutefois le WiFi pour des serveurs car les connexions ne sont généralement pas assez stables dans le temps.

Troisième période : les conteneurs

À force d'avoir toujours plus de sites et d'applications à gérer, j'avais de plus en plus de problématiques de fiabilité et de sécurité.

L'utilisation de conteneurs (Ubuntu server + LXD)  m'a permis réduit grandement le nombre de serveurs nécessaires et permet de déployer plus rapidement un serveur d'un environnement à un autre, de faire des sauvegardes, de compartimenter pour isoler les périmètres et sécuriser les modifications. Créer un nouveau serveur prend 2 minutes, chrono en main (au lieu de 40 pour un serveur physique).